Ce matin dans
le métro, la cicatrice d'un monsieur, juste sous mes yeux, m'a soudainement
ramenée à la mienne. Celle que je cache soigneusement sous des bretelles épaisses
et des maillots de bain très spécifiques que je recherche avec détermination…
Et ça m’a alors
frappé : « mon cœur ne bat pas comme celui des autres »
Le mien a
besoin d’une assistance, en l’occurrence, pour ceux qui ne le savent pas, il
s’agit d’un pacemaker…
Les paroles
d’une chanson de Goldman me reviennent alors :
« Scénarisées, les histoires
d'amour
Tous les "jamais", les "juré", les "toujours"
Longue et semée d'embûches est la route
Du sacré sondage et du taux d'écoute
Psychiatrisées, l'amitié des romans
Celle des serments, des frères de sang
Les belles haines qui brûlaient le cœur
Contrôlées à travers un pacemaker »
Tous les "jamais", les "juré", les "toujours"
Longue et semée d'embûches est la route
Du sacré sondage et du taux d'écoute
Psychiatrisées, l'amitié des romans
Celle des serments, des frères de sang
Les belles haines qui brûlaient le cœur
Contrôlées à travers un pacemaker »
J’ai parfois l’impression qu’il parle de moi.
Mon cœur est donc différent… il a surement malmené
mon corps dans ses jeunes années pour que celui-ci tolère aussi bien cette
« défaillance » et que personne ne s’en rende compte. Puis à 16 ans, dans des conditions particulières
que je vous raconterais une prochaine fois, j’ai fait mon premier ECG (comme
ils disent dans Grey’s Anatomy), et on a découvert ce que j’avais.
Moi qui avais
un cœur de pierre quand j’étais plus jeune, qui ne pleurais jamais pour un film
ou un livre, avec cette opération, on aurait dit soudain qu’on m’avait
« mis un cœur », que ma sensibilité avait changé. Bien sûr, je
n’ai toujours pas la générosité lacrymale de certaines de mes amies, mais
depuis ce temps-là je n’ai jamais plus été la même.
Peut-être
était-ce tout simplement dû à l’adolescence, mais je pense que c’est plutôt lié
à cet épisode particulier de ma vie. En tout cas, ce
qui est sûr c’est que j’ai vécu, avec cette épreuve, une adolescence atypique,
à me demander, encore plus que les autres, pourquoi j’étais différente. Et puis
finalement maintenant j’aime ça être différente : ne pas ressembler à tout
le monde, ne pas passer sous les portiques à l’aéroport…
A l’époque où
chacun souhaite rentrer dans le moule ... je me sentais un ovni, mais
maintenant ça va ! Maintenant je crois que je m’accepte, que je
m’assume !
Je suis surtout
consciente que des gens ont des choses beaucoup plus graves que moi, et que tout
ça ne m’empêche pas de vivre ma vie.
Bien évidemment,
toutes les décennies, j'ai besoin de recharger les batteries, un peu comme un
iPhone qui aurait une batterie sur-performante.
Pour tout vous
dire, heureusement qu’elle l’est, je suis bien contente de ne pas devoir me
"brancher" toutes les nuits.
Je vous entends
d’ici : « Est-ce pour ça que je suis une fille électrique ? »
Je ne sais pas.
Je crois que je l'étais avant tout ça. Je me souviens d'ailleurs, avec le
sourire, que petite certains m'appelaient 220 voltes. Survoltée j’étais,
survoltée je suis restée.
Et avec ça je
suis devenue révoltée, indignée, sensibilisée, engagée, interloquée, interrogée
... par le monde qui m’entoure. L’éclopée du cœur s’est finalement révélée plus
sensible qu’on ne le croyait !
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