lundi 28 septembre 2015

Sarah conte l’histoire de mon cœur !


Ce matin dans le métro, la cicatrice d'un monsieur, juste sous mes yeux, m'a soudainement ramenée à la mienne. Celle que je cache soigneusement sous des bretelles épaisses et des maillots de bain très spécifiques que je recherche avec détermination…

Et ça m’a alors frappé : « mon cœur ne bat pas comme celui des autres »

Le mien a besoin d’une assistance, en l’occurrence, pour ceux qui ne le savent pas, il s’agit d’un pacemaker…

Les paroles d’une chanson de Goldman me reviennent alors :

 « Scénarisées, les histoires d'amour
Tous les "jamais", les "juré", les "toujours"
Longue et semée d'embûches est la route
Du sacré sondage et du taux d'écoute
Psychiatrisées, l'amitié des romans
Celle des serments, des frères de sang
Les belles haines qui brûlaient le cœur
Contrôlées à travers un pacemaker »

J’ai parfois l’impression qu’il parle de moi.

Mon cœur est donc différent… il a surement malmené mon corps dans ses jeunes années pour que celui-ci tolère aussi bien cette « défaillance » et que personne ne s’en rende compte. Puis à 16 ans, dans des conditions particulières que je vous raconterais une prochaine fois, j’ai fait mon premier ECG (comme ils disent dans Grey’s Anatomy), et on a découvert ce que j’avais.

Moi qui avais un cœur de pierre quand j’étais plus jeune, qui ne pleurais jamais pour un film ou un livre, avec cette opération, on aurait dit soudain qu’on m’avait « mis un cœur », que ma sensibilité avait changé. Bien sûr, je n’ai toujours pas la générosité lacrymale de certaines de mes amies, mais depuis ce temps-là je n’ai jamais plus été la même.

Peut-être était-ce tout simplement dû à l’adolescence, mais je pense que c’est plutôt lié à cet épisode particulier de ma vie. En tout cas, ce qui est sûr c’est que j’ai vécu, avec cette épreuve, une adolescence atypique, à me demander, encore plus que les autres, pourquoi j’étais différente. Et puis finalement maintenant j’aime ça être différente : ne pas ressembler à tout le monde, ne pas passer sous les portiques à l’aéroport…

A l’époque où chacun souhaite rentrer dans le moule ... je me sentais un ovni, mais maintenant ça va ! Maintenant je crois que je m’accepte, que je m’assume !

Je suis surtout consciente que des gens ont des choses beaucoup plus graves que moi, et que tout ça ne m’empêche pas de vivre ma vie.

Bien évidemment, toutes les décennies, j'ai besoin de recharger les batteries, un peu comme un iPhone qui aurait une batterie sur-performante.
Pour tout vous dire, heureusement qu’elle l’est, je suis bien contente de ne pas devoir me "brancher" toutes les nuits.

Je vous entends d’ici : « Est-ce pour ça que je suis une fille électrique ? »

Je ne sais pas. Je crois que je l'étais avant tout ça. Je me souviens d'ailleurs, avec le sourire, que petite certains m'appelaient 220 voltes. Survoltée j’étais, survoltée je suis restée.

Et avec ça je suis devenue révoltée, indignée, sensibilisée, engagée, interloquée, interrogée ... par le monde qui m’entoure. L’éclopée du cœur s’est finalement révélée plus sensible qu’on ne le croyait !

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